- Communiqué du 11 février 2025 — Victoire écrasante de Kai Terada face à l’académie de Versailles et au ministère Borne !
Trois ans d’un combat individuel et collectif pour la justice !
Kai Terada, co-secrétaire départemental de SUD Éducation 92, était (et sera) professeur de mathématiques au lycée Joliot-Curie depuis 2006. Il subit depuis trois ans une répression brutale suite à une mission dite « à 360 ° » en mars 2022.
Le motif de cette mission n’a jamais été explicitement donné, mais il est à noter qu’elle arrive après la mobilisation du lycée Joliot-Curie contre les E3C (épreuves communes de contrôle continu du baccalauréat), période pendant laquelle ce lycée, tout comme le lycée Angela Davis (lui aussi victime de répression), avait subi une attaque concertée à caractère islamophobe de l’Express et du ministère de l’Éducation nationale de Jean-Michel Blanquer. Cela survient aussi après la répression qui s’est abattue sur le lycée Desfontaines de Melle, lui aussi mobilisé contre les E3C. Le lycée Joliot-Curie s’était par ailleurs distingué par le passé en étant l’initiateur du mouvement « Touche pas à ma ZEP » auquel avait pris activement part le lycée Victor Hugo de Marseille, lui aussi réprimé.
Suite à cette mission « à 360 ° », Kai consulte son dossier administratif en juin 2022. Celui-ci est vide. Pourtant, par un arrêté d’août 2022, il est suspendu 4 mois, sans aucun motif, il ne pourra alors pas faire la rentrée des classes. Et bien qu’ayant la confirmation par des audiences au rectorat de Versailles et au ministère qu’aucune procédure disciplinaire n’était requise contre lui, il est muté dans l’intérêt du service dans le département voisin en septembre 2022. Cette mutation est une double sanction, puisqu’en plus de devoir quitter le lycée où il travaillait depuis 16 ans, son changement de département le prive aussi de son mandat syndical en pleine période d’élections professionnelles.
Il fait un premier référé en octobre 2022, rejeté pour « absence d’urgence ». Il fera en 2023 et 2024 des demandes de mutation pour réintégrer son poste, demandes toutes deux « neutralisées ».
Il dépose alors une requête au tribunal administratif. 2 ans et demi plus tard, l’audience a lieu en décembre 2024. Le 9 janvier 2025, le verdict tombe et le tribunal administratif de Versailles annule la mutation « dans l’intérêt du service » qui le visait et enjoint le rectorat de Versailles à le réintégrer dans son poste au lycée Joliot-Curie de Nanterre dans un délai de 6 mois. Les conclusions de la juge condamnent les méthodes du rectorat de Versailles sur la forme et le fond. Sur la forme : il a été privé de moyens de défense par l’absence constante des rapports d’audition dans toutes les étapes de la procédure. Sur le fond : les allégations non-étayées et les mensonges du rectorat sont contredits par les nombreux témoignages que Kai Terada a pu fournir.
Le 24 janvier 2025, lors du Comité Social d’Administration (CSA) de l’académie de Versailles, le recteur annonce qu’après concertation avec le ministère, il a décidé de ne pas faire appel de la décision du tribunal administratif de Versailles.
Le collectif des réprimé·es de l’éducation nationale se félicite pour Kai. Cette victoire lui permet de mettre fin à 2 ans et demi d’injustice et de maltraitance institutionnelle qui l’ont privé de son collectif de travail au sein du lycée Joliot-Curie et de son travail syndical auprès de SUD Éducation 92.
Si c’est une victoire écrasante et sans appel pour notre camarade, pour Kai le combat continue au-delà de cette victoire : le préjudice moral a été important et une plainte au pénal a été déposée. La lutte continue car au-delà de son cas individuel, Kai a toujours lié sa répression à la souffrance au travail et la maltraitance institutionnelle massives à Joliot-Curie et dans l’Éducation nationale en général.
Nous sommes, en ce sens, solidaires de Sophie Thoraval, enseignante à Joliot-Curie depuis 1999, mutée dans l’intérêt du service, suite à la même mission générale d’inspection ayant réprimé Kai. Nous lui apportons notre soutien et nous avons aussi une pensée pour tous‧tes les collègues qui, sans avoir subi de mutation, ont subi la maltraitance institutionnelle et sont en arrêt maladie ou ont décidé de quitter ce lycée.
La victoire de Kai est une victoire pour tous·tes les réprimé·es !
Cette victoire est l’occasion de dénoncer les mutations dans l’intérêt du service qui sont de véritables outils de répression, « sanctions déguisées » utilisées au bon vouloir des directeurs·trices académiques et des recteurs·trices pour mettre au pas les syndicalistes, les lanceurs d’alerte, les enseignant·es militant·es d’une pédagogie émancipatrice et prônant un cadre de travail collectif et autogestionnaire. Elles permettent de s’attaquer à des militant·es qui défendent l’école publique, que ce soit les personnels ou les usager·es.
Ces mutations sont prises sans aucun justificatif et sans aucune possibilité de contradictoire pour les personnes qui les subissent. Dans le cas de Kai, cela ne fait peu de doute, il s’agissait bien d’une répression antisyndicale : la seule raison qui a poussé le rectorat à muter Kai Terada est bien son engagement syndical, raison dont le caractère politique est mis en lumière par la décision d’annoncer la fin des poursuites lors d’un Comité Social Académique.
La victoire de Kai est une victoire pour l’ensemble des réprimé·es : après celles de Frédéric Bianic, d’Hélène Careil, et des 4 de Thuiller, un tribunal administratif reconnaît une nouvelle fois, et cette fois-ci de façon définitive, les méthodes abusives de l’administration et donne de l’espoir pour les dossiers suivis par le collectif depuis sa création en 2022.
Cette victoire est l’occasion pour le collectif des réprimé·es de l’éducation nationale de montrer au ministère et aux rectorats que les personnels ne sont pas des pions. C’est un soufflet pour l’Administration, qui n’a pas les coudées larges pour pouvoir contrevenir à nos droits, pour réprimer, isoler et tenter de faire taire les voix qui s’opposent à ses politiques réactionnaires.
Cette victoire ne nous empêche pas d’avoir une pensée pour les nombreux cas de camarades qui n’ont pas eu la même issue aux tribunaux administratifs ou au Conseil d’État, véritables courroies de transmission des ministères et des administrations publiques. Le collectif continuera de soutenir l’ensemble des réprimé·es de l’Éducation nationale pour que cessent ces injustices, et d’accompagner les collègues en souffrance.
Une victoire possible grâce à une mobilisation exemplaire !
Cette victoire est aussi la victoire de la campagne de soutien massif reçu par Kai Terada et nous donne un exemple pour mener des campagnes de soutien pour tous·tes les réprimé·es : campagnes de soutien locale et nationale, unité syndicale contre l’Administration à toutes les échelles, relai médiatique, création d’un comité de soutien.
Nous appelons les organisations syndicales à nous rencontrer afin de faire un bilan de cette victoire mais aussi des rejets connus par nos membres. La répression ne fait que grandir et les réponses doivent être à la hauteur de la période. C’est la nature même de ce collectif désormais constitué en association : sortir du cas par cas et organiser collectivement les défenses individuelles des collègues réprimé·es partout en France.
Dans un contexte de montée du racisme et du fascisme, de répression massive dans tous les secteurs en lutte, de tentatives de museler toute contestation sociale et politique : cette victoire est une nouvelle qui donne de l’espoir.
- Communiqué du 05 février 2025 — Chef.fes déplacé.es et répression : la vengeance de l’Administration
Au lycée Mimard de Saint-Étienne, Patrice Chapat et Sylvain Therrat s’opposent au proviseur en conseil d’administration sur la dotation horaire du lycée. Ce dernier, voyant qu’il ne pourra pas obtenir la majorité, tente d’interrompre le C.A., sans succès puisque ce dernier se poursuivra sans lui pour statuer sur la question qui était à l’ordre du jour. Le proviseur est remplacé en cours d’année scolaire, preuve que les nombreux signalements (dont cet incident n’est que le dernier) sur les pratiques abusives de ce proviseur étaient fondés. Mais l’administration a convoqué Patrice et Sylvain devant des conseils de discipline, Patrice ayant subi une mutation d’office à l’issue de ce conseil.
Au lycée Thuiller d’Amiens, Aude Marécaille, Claire Quaglia, Justine de Reynies, et Emilio Sciarrino lancent l’alerte sur le comportement de leur proviseure : pratiques autoritaires et harcelantes, malversation au niveau de la trésorerie, etc. Cette proviseure, tout comme l’intégralité de l’équipe de direction, sont déplacés en conséquence de ces alertes. Mais l’administration a en retour convoqué Aude, Claire, Justine et Emilio, ce qui s’est conclu par un conseil de discipline. Le tribunal administratif d’Amiens a cassé les sanctions prononcées contre les « 4 de Thuiller » (en particulier celle d’Aude qui avait été sanctionnée par une mutation d’office), mais l’administration, dans un acharnement inoui, a reconvoqué Aude pour la repasser en conseil de discipline et la déplacer à nouveau !
Au lycée Victor Hugo de Marseille, pendant l’année scolaire 2022/2023, un conflit oppose l’équipe de vie scolaire et de nombreux personnels au proviseur du lycée suite à des propos racistes et sexistes prononcés par lui. L’année précédente, les personnels s’étaient déjà affrontés à la précédente direction en défendant des AED non reconduits pour avoir fait remonter des propos racistes attribués à une enseignante et qui n’avaient pas donné lieu à une enquête approfondie . Le conflit s’est étendu sur plusieurs mois et une année scolaire et demi avec au total 2 licenciements et 8 non-renouvellements prononcés contre 10 assistants d’éducation. Ce proviseur a fini par être déplacé vers les services de la DSDEN, mais en retour, non seulement les 10 assistants d’éducation n’ont pas été réhabilités et ont même pour certains été attaqué aussi au pénal, mais deux personnels, Christine Gorce et Frédéric Salvy, ont été mutés « dans l’intérêt du service » pour avoir soutenu l’équipe de vie scolaire !
À l’école Pasteur de Saint-Denis, tous·tes les enseignant.es alertent la direction académique du comportement et des agissements dangereux de leur nouvelle directrice. Par la suite, celle-ci témoigne dans un mensuel d’extrême-droite, L’Incorrect, pour dénigrer l’école et surtout les personnels qui y enseignent. Deux vidéos sont également mises en ligne par le mensuel. Au bout de plusieurs mois, la directrice est remplacée. Mais l’administration a en retour activé une procédure de mutation forcée « dans l’intérêt du service » à l’encontre des 6 enseignant.es syndiqué.es de l’école !
L’administration ne supporte pas d’être prise à défaut en flagrant délit d’avoir couvert des agissements de chef.fes qui se comportent mal. Pour masquer ce fait et pour se venger des personnels (très souvent syndiqués) qui ont mis en lumière ces faits, l’administration réprime celles et ceux qui ont lancé l’alerte ! Il s’agit aussi de dissuader toutes celles et tous ceux qui seraient tenté·es de signaler ce genre d’agissement, et d’imposer toujours plus de caporalisation et de verticalité par la peur.
Ces pratiques sont insupportables ! La répression doit cesser
Les lanceurs et lanceuses d’alerte doivent être protégé.es et non réprimé.es ! - Communiqué du 07 février 2025 — Pour que Nora retrouve son poste !
À une époque où la libération de la parole est portée fièrement comme nécessité à une société qui grandirait et qui permettrait la lutte contre toutes les formes de discrimination, la répression et l’injustice ont encore frappé au sein de l’Éducation nationale, et de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.
Nora Galland, enseignante-chercheure hautement qualifiée (docteure en études anglophones spécialisée en études shakespeariennes et en études critiques de la race), subit un licenciement abusif de l’Université de Côte d’Azur pour « importantes difficultés relationnelles » après avoir dénoncé les propos islamophobes d’une collègue et pour s’être retirée d’une journée-atelier basée sur un ouvrage posant clairement problème quant à la rigueur scientifique et aux opinions partisanes sionistes exposées.Nora se retrouve renvoyée pour la première fois dans le secondaire en Seine-Saint-Denis en tant que professeure agrégée, après avoir toujours été détachée à l’Université de Côte d’Azur où elle a été reconnue pour son expertise, au point d’être restée deux ans ATER (attachée temporaire d’enseignement et de recherche) puis stagiairisée en 2023/24, quand elle devient maîtresse de conférence, dans l’optique d’être titularisée. Nora a toujours voulu faire de la recherche ! Maintenant, elle risque de ne plus pouvoir poursuivre ce chemin suite à ce refus de titularisation.
Sans compter que Nora a toujours vécu dans le sud de la France et qu’elle a dû, en cours d’année scolaire, déménager en région parisienne et voir son salaire suspendu le temps du traitement administratif (entre octobre et décembre).
Cette situation est très grave. Elle présente une volonté de silenciation et d’instrumentalisation du système. Elle est également basée sur un amalgame fréquemment utilisé dans la répression des personnels de l’Éducation nationale : associer un discours critique à un discours réfractaire au collectif !
Il a premièrement été reproché à Nora un « refus de réaliser un enseignement » : ce qui n’a jamais eu lieu dans les faits et pose la question de la liberté académique (ou liberté pédagogique dans le primaire et le secondaire).
Il a deuxièmement été reproché à Nora des « relations conflictuelles avec d’autres enseignants » : alors que c’est plutôt elle qui a été lâchée car elle a parlé, car elle a suivi les protocoles de signalement (à la Vice Présidente des Politiques sociales, égalité, diversité qui reconnaît à plusieurs reprises le caractère raciste des propos signalés). La collègue sera soutenue, Nora sera intimidée et elle sera régulièrement confrontée au silence (croyant les problèmes ainsi réglés).
Il est à noter que les tensions semblaient prendre source auprès de certain·es collègues et que Nora a tenté d’alerter le Vice Président Ressources Humaines et le Vice Président Formation afin d’obtenir de l’aide, étant prête à se remettre en question (sans réponse et sans reconnaissance de ces démarches par la suite).
Il a troisièmement été reproché à Nora des « absences régulières aux réunions de laboratoire » : ayant été présente à 2 réunions sur 3 (à cause de cours), en l’absence de tout élément étayant cette accusation.
Et il a été quatrièmement reproché à Nora un « refus de prendre en charge certaines missions incombant à une enseignante-chercheure, telle que l’animation scientifique » alors qu’elle a participé à, ou organisé, dix manifestations scientifiques, qu’elle a signé un contrat avec une maison d’édition anglaise pour faire publier sa thèse, qu’elle a été invitée à contribuer à un volume collectif et qu’elle a eu deux articles acceptés pour publication, seulement pendant son année de stage, en 2023-2024.
Durant tout ce parcours, Nora a non seulement dû faire face aux discours qui variaient selon ses interlocuteurices (VP racisme, conseil académique, conseil d’administration restreint…) mais surtout au non-respect du principe contradictoire quand l’université a refusé de lui transmettre le dossier à charge contre elle, ce qui ne lui a pas permis de préparer convenablement sa défense lors du recours gracieux.
Ce qui a également mis en œuvre des mécanismes de persécution à son encontre quand on lui interdit l’accès à ces documents sous prétexte qu’ils ne relèvent pas d’une faute professionnelle mais quand pourtant ceux-ci justifient son licenciement.
Nora a subi une atteinte aux libertés académiques quand elle a organisé ses enseignements et quand elle a respecté la procédure de l’université pour le signalement d’islamophobie. Alors qu’elle s’est vue mise en difficulté publiquement à la suite d’échanges privés concernant ses opinions envers la Palestine.
Mais Nora a ouvert des portes, elle était prête à se questionner et à échanger, à se positionner et à lutter contre toute discrimination, n’est-ce pas ce que l’on attend d’une enseignante-chercheure ?
De nombreuxses étudiant·es qui se sont réuni·es en soutien à Nora ont lancé une pétition ayant déjà réuni plus de 550 signatures : ici
FACE À CE LICENCIEMENT NON JUSTIFIÉ, SANS CAUSES RÉELLES ET SÉRIEUSES, SOUTENONS NORA GALLAND !
Les répriméëes exigent que Nora soit entendue de façon impartiale ainsi que la voix qu’elle porte contre les discriminations !
Les répriméëes exigent qu’elle puisse réintégrer immédiatement en tant que maîtresse de conférence stagiaire l’Université de Côte d’Azur !
Les répriméëes exigent que justice soit rendue à tousxtes les personnels de l’Éducation nationale, et que leurs dossiers soient étudiés avec toute l’impartialité qui leur est due.
- Victoire au tribunal administratif pour Kai Terada !
Par une décision datée du 9 janvier 2025, le tribunal administratif de Versailles a annulé la mutation « dans l’intérêt du service » qui visait Kai Terada et enjoint le rectorat de Versailles à le réintégrer à son poste au lycée Joliot-Curie de Nanterre dans un délai de 6 mois, et à lui verser une somme de 1800 euros.
Les conclusions de la juge sont quasiment un copier-coller de celles de la rapporteure publique lors de l’audience : sur la forme, il a été privé de moyens de défense par l’absence constante des rapports d’audition dans toutes les étapes de la procédure, et sur le fond, les allégations non-étayées du rectorat sont contredites par les (très nombreux) témoignages qu’il a pu fournir.
Communiqués : SUD éducation 92, SNES 92, Fédération SUD éducation
Articles : Le Parisien, Actu Paris, Politis, L’Humanité, Le café pédagogique, Médiapart